Aujourd’hui nous allons nous intéresser à une construction qui nous vient tout droit du moyen-âge et que l’on peut admirer près des thermes, je veux bien entendu parler de la Tourreluque.
– Les lieux, lors de sa construction :
Nous allons à présent la situer dans ce qu’était la ville au XIVe siècle. Comme on peut le voir, la ville à l’époque était bien moins étendue qu’aujourd’hui, elle était entourée de remparts ainsi que de plusieurs tours défensives.
En ce qui concerne sa construction, tout commence au XIVe siècle vers 1360. Selon l’auteur du XIXe siècle Roux-Alpheran, c’est en vue d’accueillir certaines populations avoisinantes fuyant les épidémies et les attaques que fut décidé un nouvel agrandissement de la ville.
Car, et depuis le XIIIe siècle les frontières à l’Ouest n’allaient pas au dela des actuelles rue Venel et Lieutaud. (Voir les évolutions d’Aix au fil des siècles).
C’est ainsi que sera édifiée la Tourreluque lors de la construction de ces nouvelles murailles.
Elle sera la tour d’angle à la jonction entre les remparts venant du Bourg Saint-Sauveur à l’Est, à ceux descendant en direction de la porte des Cordeliers au Sud.
Cette porte se trouvait à l’extrémité de la rue du même nom mais ne la cherchez pas car elle fut détruite au XIXe siècle comme la majorité des anciennes portes de la ville.
Pour ce qui est de sa première représentation, il faut avancer jusqu’au XVIe siècle, en 1575 plus précisément pour la voir représentée dans un livre de Francois de Belleforest: « La Cosmographie Universelle de tout le Monde » (Lien du livre en fin d’article). Sur un plan d’Aix à l’époque on la distingue très clairement avec sa forme polygonale.
En la comparant à une photographie actuelle, on s’aperçoit qu’elle n’a pas changé depuis.
– L’édifice en lui même :
Son nom « Tourreluque » ou « Tourreluco » en provençal, que l’on pourrait traduire par « d’où l’on voit tout » lui vient de son utilité défensive à l’époque.
En effet grâce à sa hauteur, elle permettait à des sentinelles de se poster à son sommet, et ainsi de pouvoir avertir de l’approche de l’ennemi. Elle possédait tout l’arsenal de l’époque pour riposter:
En levant les yeux on découvre des mâchicoulis, un système d’ouvertures placés au sommet de la tour qui permettait en cas d’attaque de jeter divers projectiles sur les assaillants qui avaient le malheur de se trouver au pied des murailles.
En regardant au ras du sol au niveau de l’avenue Jean Jaurès, on distingue sur les façades de la tour d’anciennes archères à croisées:
Etonnant qu’elles soient au niveau du sol actuel me direz vous? Et bien pas vraiment car la base de la tour se trouve bien au niveau du jardin des thermes. Il est juste probable qu’au fil des siècles la zone accueillant l’actuel boulevard ai été rehaussée. Il suffit de regarder en contrebas de la tour pour voir le niveau initial du sol:
Incrustée dans les murailles attenantes à la tour on trouve une bouche à feu. Ici rien a voir avec le moyen-âge, elle date probablement du XVIe siècle. Et à cette époque fini les flèches, place aux boulets de canons!
Notons également qu’au cours de la révolution, la tour eu la fonction de poudrière.Elle perdit cette fonction lors de la construction d’une nouvelle poudrière sur l’ancien « Chemin de Marseille » (l’actuelle rue Pierre Brossolette) vers 1820. (Voir l’article sur l’ancienne Poudrière)
Si l’on se dirige à l’Est de la Tourreluque, rue des Guerriers, on peut encore admirer de magnifiques vestiges des remparts du XIVe siècle. D’autres sont aussi visibles dans la rue des Ménudières:
Une autre tour réaménagée au fil des siècle est aussi visible sur les cours Sextius. On distingue sur elle aussi une archère. Est elle de la même époque? Je ne suis pas en mesure de le confirmer mais tout porte à croire que oui:
Pour en revenir à la Tourreluque, il faut bien rappeler qu’elle est aujourd’hui la toute dernière tour encore en place parmi celles qui faisaient partie du rempart au XIVe siècle. (Une autre tour est visible rue Loubet mais date du XVe siècle).
Aujourd’hui âgée de plus de 600 ans, il ne reste plus qu’à espérer qu’elle se dresse encore fièrement à son emplacement pour des siècles et des siècles.
Sources:
Plan de Belleforest – La cosmographie universelle – Google Books
aixenprovence.fr
Roux-Alphéran – Les rues d’Aix tome 1
L'ajout de commentaires est momentanément désactivé.