L’édifice que nous allons découvrir aujourd’hui se dresse sur le cours Aristide Briand, au nord du centre ancien, non loin de la cathédrale Saint-Sauveur. Face au square Bachaga Boualem se dresse l’ancien orphelinat « Notre-Dame de la Miséricorde » appelé ensuite « Institution Saint-Michel ».
Dans la première partie de l’article, nous découvririons l’histoire de l’orphelinat et dans la seconde partie je vous ferais partager le témoignage de l’un de ses anciens pensionnaires qui y vécu de 1963 à 1968.
La création de l’orphelinat et la construction du bâtiment
Pour découvrir l’histoire de l’orphelinat, nous allons remonter le temps en 1820. C’est à cette époque que fut fondé l’orphelinat de jeunes filles Notre-Dame, il fut alors confié à la congrégation des Demoiselles de la Providence.
Initialement, les enfants étaient logés dans les locaux de cette congrégation situés dans la rue du Bon-Pasteur. Le bâtiment existe toujours de nos jours et accueille à la résidence étudiante « La Providence » située au n° 15 de la rue du Bon Pasteur.
Cependant, leur nombre grandissait et il fallu trouver un autre lieu susceptible de les accueillir. C’est ainsi qu’en 1862, ils quittèrent les locaux de la rue du Bon-Pasteur et furent installés dans le bâtiment situé le long de l’actuel boulevard Aristide Briand.
L’orphelinat au XXème siècle :
Dans les années 1940, les locaux (désormais situés le long du boulevard extérieur depuis la seconde moitié du XIXe siècle) prirent le nom d’orphelinat Saint-Michel (ou Institution Saint-Michel) suite à la création de l’association du même nom, qui dirigeait les lieux.
A la même période, il accueille désormais des garçons, l’établissement étant devenu diocésain.
Dans les années 60, l’établissement acquit de nouvelles structures avec entre autre un terrain de sport et une piscine. Sur la photographie ci-dessous datant de 1964, on distingue:
– Entouré de bleu: la piscine
– Entouré de rouge: l’orphelinat
– Entre les deux: le terrain
En 1965, c’est une cinquantaine de garçon de 6 à 16 ans qui en occupent les murs. C’est en 1966 que l’établissement devint laïque. Puis, dans les années 1970-1980, l’institut quitta les locaux pour s’installer vers la Z.A.C du Jas de Bouffan, à l’ouest de la ville. Le bâtiment de l’ancien orphelinat devint dans les années 1980-1990 la M.J.C. (Maison de la jeunesse et de la Culture) Bellegarde.
– Les lieux de nos jours :
Aujourd’hui, les structures sportives sont remplacées par le Parking Signoret construit dans les années 90. Quant à l’ancien orphelinat, ses murs accueillent aujourd’hui l’Espace Jeunesse Bellegarde qui est installé au N°37.
Témoignages de trois anciens pensionnaires :
Premier témoignage recueilli le 4 Juin 2014
J’ai été contacté par Mr Lurol, ancien pensionnaire de l’orphelinat (Institution Saint-Michel).
Admis à l’age de 6 ans, il y resta de 1963 à 1968, du CP au CM2. Une comparaison qui est souvent revenue lors de notre entretien concernant ce qu’a ressenti mon interlocuteur au sein de l’orphelinat est celle avec le film « Les Choristes ». Car bien que tout ceci se soit déroulé il y a environ 50 ans, sachez que c’est presque le jour et la nuit en ce qui concerne les conditions de vie dans ce type d’établissement aujourd’hui. Mais attention, loin de vouloir en décrire une image négative, il a aussi tenu à rappeler qu’il y avait du bon à l’orphelinat.
Voici son témoignage :
– Nous ferons tout d’abord un tour des locaux puis nous nous pencherons sur la vie au sein de l’institution:
« A l’époque il y avait un haut mur (là où se trouve aujourd’hui l’entrée avec le muret et les grilles) entourant l’ancienne cour (l’actuel parking). Par la suite, un ouvre-porte électrique fut installé, il arrivait que des enfant fuguent parfois.Dans la niche au centre de la façade (vide aujourd’hui) il y avait une très jolie vierge.Sur la droite il y avait le parloir et la chapelle (la forme de la chapelle est encore visible aujourd’hui).Dans le bâtiment, l’escalier et la rampe sont les mêmes.Toujours dans le bâtiment, sur la gauche il y avait les classes de cours préparatoireet celles du cours élémentaire; les deux étaient mélangés. Au dernier étage se situait ce que nous appelions la lingerie c’est ici que l’on nous apprenait à coudre, à repasser… »
– En ce qui concerne l’éducation, elle était assurée par des religieuses:
Les enfants participaient aux taches ménagères dans l’établissement. La direction les organisait en différentes équipes, chacune s’occupant d’une tache précise le tout tournant chaque semaine. « Par exemple la première semaine on faisait les sols, la deuxième semaine on faisait la vaisselle de tout le réfectoire… »
– En ce qui concerne le réfectoire:
« Au niveau service, ils avaient des chariots ils posaient les plats sur la table et nous nous servions ou eux nous servaient. Après, on débarrassait et on faisait la vaisselle… »
– J’ai ensuite voulu en savoir plus sur les éventuelles autorisations de sorties ou le type de loisirs que pouvaient avoir les enfants:
« Je faisais partie de la chorale, alors on partait seuls à 7 ou 8 ans dans Aix et nous nous rendions dans un institut où un abbé nous apprenait à chanter, j’avais donc la chance d’aller à la cathédrale où nous chantions aussi. Nous participions également aux quêtes de la Croix Rouge en ville.
Le Jeudi, on partait pour le goûter vers Puyricard. Nous avions également une piscine à disposition lorsqu’il faisait beau et que les nonnes nous autorisaient à nous baigner, il y avait alors un maître nageur pour nous apprendre à nager donc on avait piscine…une vraie piscine, par contre c’était à nous de la nettoyer… »
– De nos jours, se dire que l’on faisait faire le ménage à des enfants en bas âge pourrait vite amener à avoir une image négative des lieux, mais Mr Lurol tient à préciser:
« Tout n’est pas à jeter il y avait du bon aussi, il y avait des veillées, la piscine, l’éducation était pas mal, au niveau des cours nous étions bien suivis, il y avait une bibliothèque… »
– Il a également mentionné quelques anecdotes très particulières en ce qui concerne certaines pratiques qui y était tenues :
« Près de l’orphelinat, il y avait un local du secours catholique et chaque année, la mairie de la ville organisait un goûter de Noël à l’ancien Casino Municipal et chaque enfant recevait un cadeau.
Mais au retour à l’orphelinat, le cadeau lui était enlevé et donné au secours catholique à côté. On en profitait une demi-journée… »
« A l’Institut Saint-Michel, les pantalons longs étaient interdits. On était en short toute l’année, été comme hiver. Pourquoi? Cela évitait de repriser les genoux des pantalons si les enfants tombaient… »
« La cour (aujourd’hui parking) était plantée de tilleuls des platanes et à l’automne lorsque les feuilles tombaient au sol on nous mettait en ligne, accroupis pour les ramasser et celui qui n’avait pas ramassé assez de feuilles n’avait pas de goûter… »
« Lorsque l’un des pensionnaires recevait un colis de gourmandises de la part d’un proche ou autre, le colis était pris, ouvert et partagé avec tout le monde. Et c’est celui qui avait reçu le colis qui avait le moins de tous… »
Mr Lurol ajouta à la fin de notre conversation :
« Aujourd’hui avec le recul, je me dis qu’il y avait une petite part de bon aussi parce qu’on vous blinde, on vous prépare à ce qu’est la vie… »
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Second témoignage recueilli le 3 février 2021 :
Mr André B. qui fut pensionnaire de l’institut dès l’âge de six ans, de septembre 1954 à mai 1958 :
« C’était des religieuses de la congrégation Saint Joseph dont la maison-mère est à Aubenas qui s’occupaient de l’orphelinat : mère Clotilde, sœur Maria-Andrea, sœur Saint-Stanilas, et sœur Marthe la cuisinière. Une laïque, mademoiselle Solange, nous faisait la classe. L’été nous allions en colonie à Vaisseau, hameau à proximité de Aubenas dans une maison qui appartenait à la congrégation ».
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Troisième témoignage recueilli le 10 novembre 2021 :
Mr Jean-Pierre G. était quant à lui pensionnaire des lieux dans les années 70 :
« J’ai été pensionnaire en 1970, on allait à l’école Saint-Joseph. Le dimanche matin ont allait à la messe à la cathédrale Saint-Sauveur, l’été ont allez en colonie au Glaizil au dessus de Gap. Je me souviens de Sœur Margueritte, la supérieure ; Sœur Simone, très sévère ; et Marie-Thérèse Vidal une éducatrice très gentille.
– Sources:
http://www.e-corpus.org/notices/8939/gallery/34329/fulltext
http://fulltext.bdsp.ehesp.fr
http://www.persee.fr/
et pour les vues aériennes anciennes : Remonter le temps (service de Géoportail)
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