Article initialement publié le 8 février 2021 – Mis à jour le 11 juin 2023 avec l’ajout de la visite de la gare en photos et plans.
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Le réseau ferré du village des Milles, aussi modeste qu’il ait pu être, a tout de même existé.
De nos jours, bien qu’une de ses voies soit toujours en service pour des trains de fret, il n’a plus sa configuration d’antan. Mais autant être direct : il n’en reste plus grand chose.
Raison de plus pour découvrir son évolution au fil des décennies.
Vous y voyez un coin désert et sans intérêt ?
Moi, j’y vois plutôt un lieu qui a eu une histoire dont il reste des traces et qui mérite que l’on s’y intéresse !
Etant donné que tout a beaucoup changé depuis le temps et que je suis parti, pour ainsi dire, du zéro absolu, il m’a fallu chercher et pas qu’un peu. Pour tenter de retracer cette évolution, j’ai :
– effectué beaucoup (mais vraiment beaucoup) d’observations sur place, pour tenter de comprendre les lieux.
– en parallèle, j’ai aussi utilisé beaucoup de vues aériennes anciennes de l’I.G.N. à partir desquelles j’ai tenté de reconstituer, longuement et aussi méticuleusement que possible, sur des vues actuelles, les différentes configurations du réseau de rails qui se trouvait à proximité de l’ancienne gare du village.
– j’ai aussi utilisé la presse ancienne locale ainsi que les archives de la B.N.F.
Car le réseau a évolué, avant de fortement diminuer.
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Quatre précisions importantes avant de commencer :
1 – Dans les illustrations qui suivent lorsque j’ai indiqué des voies, selon les époques, cela ne veut pas dire qu’elles étaient forcement encore empruntées. Cela veut juste dire que les rails étaient encore en place. Je ne suis pas en mesure de dire exactement quand et quelles voies étaient utilisées ou non. Je parle donc surtout ici de la présence physique de rails. Petit conseil : les illustrations sont plus appréciables sur un grand écran en raison de leur dimensions.
2 – A propos des sources utilisées pour cet article en plus des vues aériennes, tout est précisé dans mon article consacré au petit patrimoine des Milles et dans celui consacré au viaduc ferroviaire des Milles. Donc en cas de question, allez y jeter un œil. – J’ai aussi ajouté quelques sources complémentaires à la fin du présent article.
3 – Des inexactitudes peuvent être présentes, c’est possible, certes j’ai trouvé des sources et de nombreuses photos, mais certains éléments et certaines dates sont floues. D’où les périodes et étapes que j’ai définies et qui s’étalent parfois sur plusieurs décennies.
4 – Oui, JE SAIS, il est interdit de se promener sur des voies ferrées, mais ça en valait la peine.
5 – Avant que l’on ne me traite de râleur ou d’un truc dans le genre, JE SAIS, que l’entretien de ce secteur et de ces infrastructures incombe à la S.N.C.F. qui en est propriétaire. De toute façon, cet article ne critique rien, il est uniquement là pour évoquer le passé des lieux et tenter d’en reconstituer son évolution au fil du temps.
Les Milles, sa gare et son chemin de fer :
La gare et la ligne de chemin de fer des Milles :
Je ne suis peut-être pas natif des Milles, mais je m’intéresse à son histoire. Et quoi de mieux comme sujet que la gare de ce village ?
Un lieu qui a eu un rôle stratégique pour le développement du village, aussi bien en matière de transports en raccourcissant les distances ; mais aussi en matière d’économie en y améliorant nettement l’import-export.
La construction de la gare des Milles débuta en 1855 (1) pour être achevée en 1856. La ligne qui la desservait reliait dans un premier temps Aix à Rognac. Le voyage inaugural eu lieu le 31 août 1856 et la ligne fut ouverte aux voyageurs le 10 octobre 1856.
Pour l’anecdote, lors de la conception de ce tracé, il fut décidé que les ponts soient construits pour accueillir deux voies en cas de besoin. Cependant, si une voie a bien été posée, la seconde ne le fut jamais, ce qui explique que les ponts de cette ligne paraissent tous un peu trop larges. En fait c’est « normal ».
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La gare – Visite des lieux :
Selon les plans types des gares PL.M., celle-ci serait une sorte de croisement entre une station « Type 2 » et une de « Type 3 ».
Voici leurs plans types ci-dessous (la configuration peut légèrement varier selon les gares) :
Type 2, pour l’agencement et le nombre de pièces :
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Type 3, pour le nombre d’ouvertures en façade
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Hormis le nombre d’ouverture, vue de l’intérieur, c’est bien une gare de Type 2 qui s’offre à nous. De nos jours, les lieux n’ont que très peu été modifiés depuis sa désaffectation, sauf quelques obstructions d’ouvertures en rez-de-chausée.
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L’intérieur des locaux :
Pour la suite des photos de la visite de la gare, referez-vous au plan type ci-dessous (la configuration peut légèrement varier selon les gares) :
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Un grand MERCI à l’association de « La Boule Milloise » qui occupe désormais les lieux et qui m’a permis la visite des lieux et de les photographier.
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Les indications qui suivent sont basées sur le plan type de la station de type 2. Certaines configurations peuvent avoir varié selon les gares et les époques.
Au rez de chaussée, l’ancienne salle du vestibule et du télégraphe. La porte au fond à gauche mène à l’ancien bureau de chef de gare. Celle dont l’encadrement est à peine visible sur le bord gauche menait au bureau du receveur. Au fond l’issue désormais obstruée qui permettait de rejoindre le quai :
Toujours l’ancien vestibule vu depuis le coin opposé. La porte au fond à gauche (en fait, celle juste à droite en entrant dans le bâtiment) menait à l’ancienne salle d’attente.
La porte de la façade ouest permet d’accéder à l’escalier qui mène à l’étage :
L’escalier menant à l’étage :
En haut des marches, l’accès à l’ancien logement du chef de gare (en face), avec optionnellement celui d’un facteur selon les besoins (sur la gauche) :
Petit regard en arrière vers les escaliers que nous venons d’emprunter :
L’entrée du logement du chef de gare et sa cheminée (d’époque la cheminée ?) :
Au fond, à l’étage côté Est, une salle qui accueillait probablement une à deux chambres :
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Le réseau ferroviaire au niveau des Milles au fil du temps :
J’ai essayé de simplifier au maximum les illustrations qui suivent, dont voici la légende :
– Traits rouge surlignés de pointillés noirs : tracé de la voie actuelle ;
– Trait rouges simples : configuration du réseau lors de l’époque abordée ;
– Tracés en pointillés jaunes : parties supprimées du réseau ou modifiées, lors de l’époque abordée.
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1856 => 1880 – Les commencements :
A ses débuts, le réseau était assez sommaire. La ligne était à voie unique mais se multipliait en entrant dans le village, puis redevenait simple à sa sortie.
Durant les trois premières décennies d’existence de la gare, il n’y avait probablement que deux voies, parallèles l’une à l’autre au niveau des Milles. Elles desservaient deux quais pour les passagers.
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1880-90 => 1940 – Les choses en grand et de la place pour les marchandises :
C’est à cette période que la gare s’est réellement développée. Ceci s’est déroulé en plusieurs étapes :
1 – Première nouveauté : en 1877, la ligne a été prolongée vers Marseille. Plus besoin de faire la correspondance par Rognac donc. Un gain de temps non négligeable pour les usagers.
2 – Depuis 1878 (2), il était souhaité qu’un quai dédié aux marchandises soit créé aux Milles. Une décision validée suite à un décret de septembre 1883. L’ensemble fut installé le long de la voie sud, à l’ouest de la gare (3). Il comprenait un quai et un hangar (la présence d’un hangar y est attestée depuis, au moins, juillet 1896 (4)).
3 – En 1885, il fut décidé de créer un embranchement particulier pour la tuilerie des Milles, installée à proximité depuis 1882 (5). Cet embranchement fut ouvert au nord de l’ensemble et était formé d’une nouvelle voie et d’un long quai (celui le long duquel est installé le « wagon-souvenir »).
4 – Vers 1898-99, deux nouvelles voies de garages en impasses furent ajoutées à la gare de marchandises (6) : l’une au sud des voies principales, le long du hangar ; et l’autre encore plus au sud, se terminant en face du débouché nord de l’actuelle avenue des Alliés.
Tous ces aménagements ont eu pour effet de créer un petit réseau au sein de la gare des Milles, composé de multiples aiguillages, pour faire circuler trains et wagons sur leurs voies respectives.
A l’aide d’un plan récapitulatif, voyons les différentes extensions ajoutées à la gare durant cette période autour des deux voies principales :
– A l’est, en vert : la zone de la gare dédiée au voyageurs, ouverte en 1856 ;
– Au sud, en bleu : la zone dédiée aux marchandises, créée vers 1883-84, équipée d’un hangar depuis, au moins, 1896 ; et ses deux voies de garage en impasses créés vers 1898-99.
– Au nord, en orange : l’embranchement et le quai dédié à la tuilerie qui furent créés vers 1885-86 :
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1940 => 1958 – Le déclin :
A la fin de la première moitié du XXe siècle, la gare des Milles entama son déclin :
– Depuis le 18 avril 1939, elle n’accueillait plus de voyageurs mais uniquement du fret. Cette décision résulte de l’approbation d’un plan départemental des transports publics de voyageurs, estimant que les réseaux routiers suffisaient. Un choix qui a beaucoup déçu les millois.
– Entre la seconde moitié des années 40 et 1955, probablement en raison de la fin du transport des voyageurs, le tracé des voies fut modifié : la voie, autrefois doublée au niveau de la gare, devint désormais unique.
– Entre 1955 et 1958 : la voie de garage en impasse située tout au sud de la zone des marchandises fut elle aussi supprimée et comblée.
[En 1942, près de 2000 hommes femmes et enfants, internés au camp des Milles, furent déportés depuis cette gare.]
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1958 => 1968 – La suppression de l’embranchement de la tuilerie :
Entre 1958 et 1968, les aiguillages qui reliaient la voie principale à la voie menant au quai dédié à la tuilerie furent supprimés. La voie et le quai étaient toujours là, mais n’étaient visiblement plus reliés au trafic ferroviaire.
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Années 70 => années 90 – Une voie en moins :
– Entre les années 70 et le courant des années 90, une nouvelle suppression est venue s’ajouter au réseau : la voie de garage en impasse située à l’ouest de la gare, longeant le quai de l’ancienne gare de marchandises, fut partiellement supprimée.
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Années 90 – Un aiguillage en moins :
– A la fin des années 90, un petit aiguillage fut supprimé. Il permettait à une voie au sud de rejoindre : soit la ligne principale ; soit l’ancienne voie de garage en impasse supprimée un peu plus tôt, qui longeait la zone des marchandises.
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Début des années 2000 – Une portion de voie en moins :
– Au début des années 2000, une portion de la voie tout au sud fut supprimée, n’en laissant désormais qu’un morceau qui n’est plus lié à la voie.
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Etat des vestiges du réseau ferré des Milles en 2021 :
Il reste tout d’abord le bâtiment de l’ancienne gare de voyageurs de 1856. Ce dernier est occupé depuis 1992 par l’association « La Boule Milloise » (7). Si la façade sud est en plutôt bon état, ça n’est pas le cas de la façade nord, coté voies, ci-dessous, qui a perdu de sa fraîcheur :
En ce qui concerne le réseau de rails, bien que la ligne ait été réaménagée de nombreuses fois au fil du temps, il reste quelques vestiges d’anciennes portions de voies aujourd’hui désaffectées :
AU NORD :
– Une portion de l’ancien embranchement dédié à la tuilerie, ouvert vers 1885-1890 (je ne sais pas si les rails encore en place datent de cette époque). C’est sur cette voie que le « wagon-souvenir » est installé.
– L’ancien quai dédié à la tuilerie, lui aussi créé vers 1885-1890, en mauvais était sur sa majeure partie. Sur toute sa longueur, il est encore longé par une portion de rails enfouis sous l’herbe et partiellement enterrés :
AU SUD :
– Parallèle à la voie actuelle, il reste une portion de la voie allant vers l’ancienne voie de garage en impasse de la zone dédiée aux marchandises :
– Plus loin vers l’est, en longeant cette voie désaffectée – on trouve une partie d’un aiguillage qui lui permettait de rejoindre la voie principale sur la gauche, ou la voie de garage en impasse de l’ancienne gare de marchandises en face d’elle (coloré en bleu : vers l’ancienne voie de garage en impasse ; coloré en rouge : vers la voie principale)
– Au delà de cette portion d’aiguillage, toujours vers l’est – il reste un petit bout de la voie en impasse :
– Plus loin vers l’est, toujours en suivant cette voie : L’ancien hangar en bois du quai des marchandises (est-ce le même qu’en 1896 ? – Il fut probablement rénové au fil du temps, mais de nos jours il est en mauvais état) :
Le long de ce hangar, on devine (en bleu sur la photo ci-dessous) par où passait la voie en impasse qui le longeait. Cette longue portion fut supprimée et comblée dans les années 70-80 :
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– Enfin, dernier vestige indirect : le tracé de la voie actuelle qui, comme vous avez pu le voir sur mes illustrations, est le même depuis 1856.
Petit rappel pour finir :
Je le rappelle encore : j’ai TENTÉ de reconstituer cette évolution. Donc ne m’en voulez pas si des approximations ou inexactitudes se sont glissées dans cet article (malgré le fait que j’ai essayé de faire du mieux que j’ai pu et que je pense avoir vu juste).
Eventuellement, contactez moi si vous souhaitez apporter des corrections, à la condition qu’elles soient sourcées.
Sources :
(1) Rapports et délibérations / Conseil général du département des Bouches-du-Rhône – 1855, page 73 – B.N.F.
(2) Rapports et délibérations / Conseil général du département des Bouches-du-Rhône – séance du 30 août 1878, page 276 – B.N.F.
(3) Bulletin des lois de la République française – Décret du 25 septembre 1883 – B.N.F. (page 717)
(4) Le Mémorial d’Aix du 26 juillet 1896 (page 2, colonne 3)
(5) Rapports et délibérations / Conseil général du département des Bouches-du-Rhône- séance du 3 juillet 1885 (page 120)
(6) Le National du 16 octobre 1898 – page 3, colonne 1)
(7) Info indiquée sur le site de la ville
Le site « Remonter Le Temps » de l’I.G.N.
Le site de la Bibliothèque Nationale de France
Le site de la Méjanes numérique
Plus d’infos et ressources complémentaires dans mes articles consacrés au village des Milles.
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