Les noms des rues sont parfois données de façon curieuse au premier abord mais en même temps assez logique quand on creuse un peu. Cependant parfois, le temps qui passe peut créer d’étranges contradictions.
La preuve avec deux rues parallèles situées dans le centre ancien : la rue du Félibre Gaut et la rue des Magnans.
D’anciennes dénominations :
Pour mieux comprendre où je veux en venir, il faut savoir que la rue du Félibre Gaut porte ce nom par délibération du conseil municipal du 25 juillet 1893 (1) (il faudra cependant attendre le 1er janvier 1894 (3) pour que cela soit pleinement en place.)
Mais avant cela, la rue du Félibre Gaut portait un tout autre nom : celui de rue du Pont.
L’auteur Ambroise Roux-Alpheran nous explique (4) que cette rue aurait gagné ce nom aujourd’hui disparu en raison d’un arceau qui y était autrefois placé là, reliant alors les façades situées de chaque côtés et formant une sorte de pont.
Vous l’aurez bien évidement remarqué sur la photo ci-dessus, cette arche n’existe plus, et ce depuis bien longtemps.
Et donc ?
Nous venons d’aborder l’histoire du nom de la rue du Félibre Gaut, et vous devez donc vous demander pourquoi j’ai évoqué plus haut la rue des Magnans ?
La réponse est simple, il suffit de regarder ce qui passe au millieu de cette autre voie :
Comme le montre la photo ci-dessus, elle possède ce qui pourrait quelque peu s’apparenter à un pont vous ne trouvez pas ?
Après avoir vu tout cela, n’est il pas curieux de constater qu’au final c’est la rue des Magnans qui possède un pont de nos jours, alors que la rue du Félibre Gaut, pourtant ancienne rue du pont, elle, n’en possède pas ?
Le temps qui passe peut, et vous en êtes témoins, parfois causer quelques désordres, la preuve ici. Et d’une certaine façon, ça n’est pas plus mal que l’ancienne rue du pont ait été renommée.
[Alors oui, en pinaillant, ça n’est pas à proprement parler un pont qui se trouve dans la rue des Magnans, c’est vrai, c’est plutôt un passage formant une arche, permettant de relier deux maisons situées de chaque côtés de la rue. Mais d’un autre côté ça n’était pas non plus à proprement parler un pont mais une arche qui se trouvait dans l’ancienne rue du Pont. Toujours est-il qu’à l’heure actuelle il y en a une dont les côtés sont reliés par une arche et l’autre non.]
Quelques précisions supplémentaires à propos de l’ancien nom de la rue du Félibre Gaut :
Dans ses écrits, l’auteur Ambroise Roux-Alpheran ajoutait que ce nom était le seul que cette rue ait possédé au cours de son existence.
Or, sur certains plans (5), notamment celui de la ville d’Aix par Devoux en 1762, on peut la retrouver également nommée rue du pons d’Anterre.
Ce nom, Anterre, est cité par Roux-Alpheran qui précise dans son ouvrage (6) que ça n’était pas l’ancienne rue du Pont qui portait le nom d’Anterre mais la petite impasse qui se trouve perpendiculairement dans celle-ci et qui portait autrefois le nom d’impasse du Puits d’Anterre.
Ce nom, de puits d’Anterre, viendrait d’un ancien puits qui se trouvait dans cette impasse dans les XIVe et XVe siècle et qui se trouvait dans la maison des… d’Anterre ou Anterre. Par ailleurs, le nom de l’impasse du Puits d’Anterre était encore utilisé au XIXe siècle car cette voie est mentionnée de la sorte dans le journal le National du 24 août 1879 (7).
Sources et illustrations:
(1) Site de l’A.G. 13 (antenne Aixoise de l’association généalogique des Bouches-du-Rhône)
(2) Mémorial d’Aix du 30/07/1894 (page 1) – Document conservé à la bibliothèque Méjanes – Cote JX0042- Aix-en-Provence
(3) Le Mémorial d’Aix du 4 mars 1894 (page 2)
(4) Ambroise Roux Alpheran – Les rues d’Aix – Tome 1 (1846-1848) (page 202 sur l’édition de 1985 aux Presses du Languedoc)
(5) Plan de la ville d’Aix par Devoux – 1762
(6) Roux Alpheran : Ibid.
(7) Le National du 24 août 1879 (page 4)