Des portes et des « A »

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Il suffit de se promener en ville pour le remarquer : bon nombre des portes du centre ancien d’Aix sont un véritable plaisir à regarder ou à photographier.

Mais parfois, l’intérêt de celles-ci ne se trouve pas que « sur » ces dernières

Car si l’on jette un œil sur leur pourtour, on peut aussi parfois y voir bien plus. Comme des marques laissées par l’histoire du pays par exemple.

Des symboles dont il n’en reste que trop peu de visibles mais que nous allons tout de même décortiquer.


De curieux « A » :

Bien que ces signes aient été délavés par le temps qui passe et les éléments, on arrive toujours à discerner ces « A », autrefois rouges sur fond blanc.

– En voici quatre toujours en place, le premier est visible au 11 rue Roux-Alphéran, le second au 12 rue Lacépède, le troisième au 10 rue Mazarine, le quatrième au 10 rue Emeric David :

Le « A » du 11 rue Roux-Alphéran

 

Le « A » du 12 rue Lacépède

 

Le "A" du 10 rue Mazarine
Le « A » du 10 rue Mazarine

 

Le "A" du 10 rue EmericDavid
Le « A » du 10 rue Emeric David

La présence de ces « A » peut paraître étrange au premier abord, de plus au vu de leur état, il sont anciens.

Alors à quoi servaient-ils  ? De quand datent t-ils ?

Réponse : 


Des « A » sacrément utiles :

En réalité, ces lettres peintes à même la pierre ont eu leur utilité, c’était pendant la seconde guerre mondiale.

En effet, comme l’indique le document ci-dessous, un « A » inscrit près de la porte d’un immeuble, indiquait à la population que sa cave pouvait servir d’abri en cas d’alerte si un éventuel bombardement de la ville devait survenir.

L’affiche (1) conservée aux Archives Municipales nous en dit un peu plus :

© Bibliothèque Numérique – Archives municipales, Aix-en-Provence, pas de cote indiquée (voir sources)

Ce document contient plusieurs informations :

On y trouve notamment la liste de ces « immeubles abris « A », leurs adresses, ainsi que leurs capacités maximales. Par exemple, les refuges (ou plutôt les caves) dont les symboles sont en photo ci-dessus avaient une capacité de 20 personnes pour le 11 rue Roux-Alphéran, 50 personnes pour le 12 rue Lacépède, 80 personnes pour le 10 rue Mazarine et 40 personnes pour le 10 rue Emeric David.

On y trouve aussi plusieurs recommandations comme l’obligation pour les propriétaires ou locataires des immeubles concernés de laisser, dès la première alerte et à chaque alerte de nuit, une source lumineuse pour indiquer l’entrée du lieu dont la porte devait impérativement rester ouverte, afin qu’il soit toujours accessible quelque soit l’heure du jour ou de la nuit.

D’autres renseignements y sont inscrits, je vous laisse le soin de le lire.

Quant au pourquoi de la lettre  « A » et pas une autre, personnellement je ne vois qu’ une raison pour ce choix : c’est la première lettre du mot « abri » mais ça n’est qu’une supposition.


D’autres traces :

Au rayon des inscriptions datées de la seconde guerre mondiale toujours visibles en ville, on pourrait aussi en mentionner une autre, un peu moins discrète et sûrement un peu plus connue.

En revanche, celle-ci ne concernait pas vraiment le même genre d’abri… C’est celle qui se trouve à l’entrée ouest de la rue des Bretons, près du croisement avec la rue Lacépède :

L’inscription de la rue des Bretons

Devenu à peine lisible, le texte « This street off limits for American and Canadian soldiers » (ou un truc dans le genre), aurait eu pour but d’indiquer aux soldats américains et canadiens qu’il leur était interdit d’aller fréquenter une maison close située dans les environs au-delà de cette inscription qui faisait alors en quelque sorte office de limite (2) et (3).


Que vont devenir ces inscriptions ?

La question est peut-être bête, mais j’estime qu’elle a le droit d’être posée. Ce ne sont peut-être que des peintures qui ne devaient servir qu’un temps mais elles sont parvenues jusqu’à nous et font désormais partie des murs de la ville et surtout de son histoire.

Pour préparer cet article et l’illustrer, j’ai consulté la liste des refuges présente sur le document des Archives Municipales et malgré leur nombre autrefois élevé (plus de 40), je n’ai retrouvé que quatre « A » encore visibles, ceux dont j’ai publié les photos. Peut-être en ai-je raté mais ce qui est sûr c’est qu’il n’en reste que vraiment peu et ils sont très effacés.

Il en est de même pour l’inscription de la rue des Bretons qui n’est pas au mieux de sa forme. D’ailleurs, au moment où j’écris ces lignes, un chantier est en cours au niveau de la chapelle des Jésuites et une plaque de fer recouvre le mur ou le message jadis dédié aux soldats est inscrit. Espérons que cette plaque ne l’efface pas d’avantage. (Pour info, la photo que j’ai publiée date de juin 2014, je n’ai pas pu en prendre une plus récente en raison du chantier).

Je précise que cet article n’est pas « une liste » des inscriptions datées de cette époque, bien d’autres sont sûrement encore là.


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 – Sources : 
(1) Affiche : bibliotheque-numerique.citedulivre-aix.com (Archives municipales, Aix-en-Provence, pas de cote indiquée)
(2) A propos de l’inscription de la rue des Bretons : assoaniarche.free.fr (par Joëlle Jacq)
(3) rando-sportnature.com (par Alain Fébrault)


2 commentaires

  1. Si vous passez devant le n° 27 de la rue Emeric-David vous verrez au dessus de la porte le N° 55 sur fond bleu. Il y avait certainement là un abri antiaérien de 55 places.
    1. Auteur de l'article
      Bonjour,
      Je vous ai répondu par mail mais j’ajoute aussi la réponse ici, si des lecteurs se posent aussi cette question :

      Suite à votre message, je suis allé vérifier car cette adresse n’est pas mentionnée sur la liste des abris donc ça m’a intrigué.
      Et en réalité, le numéro sur fond bleu n’est pas un 55 mais un 35, les 5 et les 3 se ressemblant assez, et il est vrai que leur état d’usure n’aide pas vraiment à les différencier.
      Le numéro 35 (à gauche de la porte) est le numéro actuel du bâtiment. Le numéro 27, gravé sur le côté droit date quant à lui d’une numérotation antérieure. Par ailleurs, en regardant bien certaines portes de cette rue, on y remarque encore quelques anciens supports de numéros effacés. Ces derniers ont dû l’être lorsque la rue a été renumérotée. De ce fait, il n’est pas étonnant de voir, comme sur le cas présent, deux numéros différents pour une même construction.

      Ce lieu n’était donc, à priori, pas un abri. Son numéro qui est en fait un 35, ne provenant uniquement que d’une renumérotation ultérieure.

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