Article publié initialement le 28 novembre 2014 – Mis à jour le 11 avril 2021
A deux pas de la place de la Rotonde, au n°2 de l’avenue Bonaparte, se trouvait l’ancien casino municipal d’Aix-en-Provence, qui est en quelque sorte l’ancêtre de l’actuel Pasino, qui lui se trouve dans le quartier d’Encagnane.
Apparu dans la première moitié du XXe siècle, le casino municipal d’Aix a disparu au début des années 2000.
Avant le casino : la « Place Neuve » :
L’ancien casino municipal d’Aix-en-Provence fut donc bâti au début des années 20 à deux pas de la place de la rotonde. Mais avant la construction du casino, son futur emplacement était occupé par une place dite « Place Neuve », alors située au nord de la la gare de marchandises, à l’ouest de la place de la Rotonde et face à l’actuelle place Jeanne d’Arc.
Ci-dessous, les lieux au début du XXe siècle, en 1912 :
La photographie ci-dessous représente les lieux au tout début du XXe siècle. J’ai indiqué en rouge la « Place Neuve », zone où le casino allait être construit :
L’apparition du casino municipal :
1923 – D’abord un casino installé provisoirement :
Le casino municipal fut construit entre 1922 et 1923. Mais à l’origine, rien ne le destinait à rester en place indéfiniment car son installation, à cet emplacement, n’était que provisoire.
Je ne développerai pas les péripéties (finances, différents projets non retenus, autres emplacements prévus…) qui ont amené le casino à naître et les débats qu’il a suscité au cours de son existence, tant le sujet est, à mes yeux, bien difficile à résumer et n’apporte pas grand chose dans la description des lieux.
– L’inauguration « officielle » eu lieu l’année précédente, le samedi 31 mars 1923 :
On peut cependant ajouter que d’un point de vue anecdotique, dès le début des travaux, cette décision n’a pas enchanté les amis des arbres, le chantier ayant nécessité l’abattage de ceux se trouvant le long de la place Neuve (1)
L’édifice ne devait donc pas rester à cet emplacement car un projet de grande envergure était prévu au sud de la ville…
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1923 – Une implantation du casino prévue au sein du projet de la « Ville d’Eaux » :
Dans les années 20, la ville d’Aix songea à créer une sorte de « cité thermale » regroupant à la fois les thermes, un palace-hôtel, un parc, un théâtre et le casino municipal (*).
Cette « Ville d’Eaux », telle qu’elle était nommée dans le projet, aurait alors été créée à l’emplacement aujourd’hui occupé par le parc Jourdan. Et le casino aurait dû y être implanté définitivement (si ce sujet vous intéresse, je vous recommande fortement l’ouvrage de Robert Capoduro et Marcel Melquion : « Heurs et malheurs des thermes d’Aix-en-Provence » paru en 2010 où il y est développé en détails).
Le plan ci-dessous, provenant d’un guide de la ville édité au début des années 1920, indique clairement les mentions « casino provisoire » près de la Rotonde et « casino en projet » au sud du centre ville :
Mais pour de multiples raisons, ce projet, où tout aurait dû être regroupé, n’a finalement jamais vu le jour. Cependant, les architectes Barreau et Malfray avaient proposé un projet pour le casino dont une esquisse et un plan sont visibles dans la revue « Les Salons d’Architecture » publiée en 1923 :
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1924 – Un casino définitif :
Ce projet de cité thermale « tout-en-un » n’ayant jamais vu le jour, la présence du casino municipal, près de la Rotonde, devint définitive suite à une décision prise par la municipalité à la fin de l’année 1924 (2) .
Le bâtiment :
Son architecture :
L’architecte qui dirigea les travaux fut Roger Barreau (c’est d’ailleurs lui qui proposa avec Malfray le projet du casino du projet « Ville d’Eaux » comme on l’a vu avec les illustrations plus haut) mais ce dernier ne serait pas l’auteur des plans du casino de la Rotonde. L’édifice fut construit sur une ossature poteaux-poutres en béton armé et sa décoration était de type Art Déco.
En 1942, l’architecte Courrèges modifia ce décor en le remplaçant par une décoration néo-provençale qui perdura jusqu’à la disparition du casino. On y ajouta aussi une cheminée ornée d’un bas-relief réalisé par le sculpteur Botinelly (3)
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La configuration des lieux – un casino et un restaurant :
Ce casino n’était pas qu’un établissement de jeux. Les divertissements y étaient multiples. On y trouvait ainsi une salle de spectacle qui faisait aussi office de salle de cinéma, et un restaurant. Ce dernier, nommé la « Brasserie Lorraine » dans un premier temps, ouvra ses portes le 10 mars 1923 (**). Les années passant, il devint le restaurant « Le Vendôme » jusqu’à la disparition du casino.
– Ci-dessous, une vue de l’entrée du Vendôme en 1959 :
Petite curiosité (ou gadget) concernant la salle de jeux : un toit ouvrant. Son plafond pouvait en effet s’ouvrir pour laisser entrer la lumière du jour.
J’ai modélisé le casino en trois dimensions pour mieux l’observer :
Ci-dessous, le plan de masse de l’établissement :
L’ancien casino en 3D :
En 2018, j’ai souhaité recréer l’édifice comme j’avais pu le faire pour d’autres lieux disparus.
– Temps total : 23 heures pour le modéliser à partir de multiples photographies des lieux.
En ce qui concerne le style, surtout de la terrasse du restaurant et quelques détails de la façade, elles ont sensiblement changé au fil du temps. Donc si de tout petits anachronismes sont là comparé à ce que certain(e)s d’entre-vous ont pu connaitre, c’est normal.
Je précise que seul l’extérieur est reproduit, pas l’intérieur.
– Cliquez sur la vignette ci-dessous pour observer l’ancien casino sous toutes ses coutures et n’hésitez pas à cliquer sur les annotations de la modélisation pour avoir plus d’infos.
Inscription, démolition et radiation :
Inscription :
1 – Par arrêté du 16 janvier 1995, le casino fut inscrit à l’inventaire supplémentaire de Monuments Historiques (mais pas classé, ne pas confondre).
Démolition :
2 – Malgré cette inscription destinée à le protéger, un permis de démolition fut accordé en décembre 2002. Suite logique de ce permis accordé, le casino fut intégralement démoli en mars 2003.
Radiation :
3 – Pour achever d’enterrer l’édifice désormais détruit, il fut rayé de l’inventaire supplémentaire par arrêté du 15 décembre 2003.
Le casino de nos jours :
Comme indiqué plus haut, le casino fut totalement détruit en 2003. Suite à cette démolition, le quartier a beaucoup changé, notamment avec à la création du quartier Sextius-Mirabeau dans le milieu des années 2000.
De nos jours, il difficile pour celles et ceux qui n’ont pas connu ce casino de saisir son emprise. C’est pourquoi je l’ai réintégré au décor actuel avec le montage photo ci-dessous, comparant une vue actuelle et la même mais modifiée en accueillant le casino :
D’autres photos du Casino sont visibles en cliquant ici (maregionsud) ou encore ici (Pop).
Son remplaçant, le Pasino, a ouvert ses portes le 20 juillet 2001 (4) à l’emplacement des anciens abattoirs d’Encagnane.
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Aucun restes ?
Détruit, il l’est, certes, désormais.
Mais quelques éléments ont été conservés comme des peintures, des médaillons ou encore des éléments de la salle de jeux (5). Une liste d’éléments déposés lors de la destruction du casino est consultable ici – Lien alternatif ici.
Mais il reste surtout une fontaine sur laquelle il faut s’attarder et qui se trouve aujourd’hui sur le square Robert Lagier, à l’entrée Est du village des Milles, à proximité de l’école Joseph Roumanille :
J’ai retrouvé cette fontaine sur un cliché de la terrasse du Vendôme daté de 1991 (elle est absente sur des vues des années 40 donc a été installée bien après l’ouverture du casino) :
Plus d’infos à propos de cette fontaine dans l’article dédié ci-dessous :
Galerie :
Pour finir, voici quelques vues issues de la modélisation proposée plus haut dans l’article :
Sources :
(*) Robert Capoduro et Marcel Melquion : « Heurs et malheurs des thermes d’Aix-en-Provence » (2010) – page 101
(1) La République Aixoise du 9 février 1922 (colonne 3, page 2)
(2) La République Aixoise du 12 octobre 1924 (page 1, colonne 2)
(3) Le casino municipal d’Aix-en-Provence sur le site du ministère de la culture
(**) La Provence du 8 mars 1923 – page 4)
(4) Groupe Partouche – Rapport annuel 2001 (page 23)
(5) Sextius-Mirabeau, un quartier une métamorphose – Collectif – (2016) – Chap. « Le casino » par Ph. Ferrand.
l’epoque 14 a 18 ans. Un temps, une place toujours agreeable dans ma pensee.