Quand j’étais gamin, je suis allé plusieurs fois en Normandie. Et s’il y a bien une chose que j’ai toujours apprécié visiter là-bas, ce sont les bunkers qui s’y trouvent (bunkers ou blockhaus, les deux noms passent). Ces vestiges faits de béton et datant de la seconde guerre mondiale sont très nombreux là-bas le long des côtes.
Mais les côtes de la Manche n’ont pas le monopole de ce type de constructions. On en trouve un peu partout en France, dans les Bouches-du-Rhône on en trouve notamment à Marseille, mais pas que. En effet, Aix (ou du moins sa périphérie) n’est pas en reste car des bunkers sont en effet observables dans une zone située à l’ouest du village des Milles, au nord de La Duranne à environ une dizaine de kilomètres à l’ouest d’Aix-en-Provence.
Ce lieu n’est pas un secret, il est connu, mais n’étant pas le seul à en avoir longtemps ignoré l’existence (je n’ai appris leur existence qu’en 2015…), j’ai souhaité en parler ici pour le mettre en lumière.
– Localisons leur emplacement à l’aide d’un plan :
– Important :
Lorsque je me suis rendu sur place le 5 juin 2020, les lieux ne m’ont pas semblé interdits d’accès, aucun panneau n’indiquait de propriété privée, de chasse gardée ou de zones interdites aux piétons (en tout cas je n’en ai pas vu). Certains sentiers étaient balisés et étaient visiblement couramment empruntés. A priori donc, je n’ai pas enfreint la loi en me rendant là-bas. Si vous y allez, ne salissez rien et selon la saison pensez à vérifier si l’accès aux massifs forestiers est autorisé.
Des bunkers dans la garrigue :
Ils sont très discrets, en même temps c’était leur but. Du ciel, il faut un bon œil pour les voir mais on remarque tout de même trois parties distinctes que j’ai surnommées pour les différencier :
– au nord : le bunker nord (n°1)
– au centre : le bunker central (n°2)
– au sud : le bâtiment sud (n°3) :
Autours de ces blockhaus plusieurs tobrouks (de petits blockhaus individuels) occupent la colline en de multiples endroits.
Etat des lieux rapide :
Les bâtiments sont toujours debout mais leur état n’est pas au beau fixe. Beaucoup sont fissurés, victimes de leur âge et du climat. Sur place, les innombrables graffitis qui ornent leurs intérieurs et extérieurs ne sont pas du genre à embellir le décor, ceci sans compter les multiples billes en plastiques et cartouches de Co2 qui jonchent le sol, ce lieu semblant être aussi un spot apprécié des amateurs d’airsoft.
Autre détail qui saute aux yeux sur place, le panorama :
A la découverte des lieux :
Je vous propose de découvrir les bunkers un par un en utilisant à la fois des photos prises sur place et des modélisations 3D que j’ai réalisées avec le logiciel Sketchup à l’aide de prises de vues et de constatations faites sur place et aussi de plans présents sur le forum Sudwall où ce lieu est abordé.
Pourquoi ajouter des modélisation 3D ? Simplement car rien n’est éternel. Pas même la pierre. Je ne sais pas ce qu’il va advenir de ces lieux dans le futur mais je sais que parfois les choses peuvent bien vite disparaître. J’ai donc souhaité, d’une certaine manière, « sauvegarder » leur structure.
De plus, la mise en volume permet à celles et ceux qui ne peuvent pas s’y déplacer de pouvoir les observer.
Les vues en 3D que je propose ici, bien que réalisées à partir de relevés faits sur place ne sont probablement pas fidèles à 100 %, surtout au niveau des mesures qui ne sont pas exactes (c’est fait à l’œil hein, j’allais pas me promener avec mon mètre…). La configuration des pièces quant à elle est, de mémoire, exacte.
Mes vues en 3D montrent les bunkers sans leur toits afin de voir comment ils sont agencés à l’intérieur.
Tous les clichés présents dans cet article ont été réalisés le 5 juin 2020.
Les bunkers un par un :
Je ne vais pas m’attarder sur les quelques tobrouks qui sont éparpillés dans la colline, malgré leur intérêt historique (un vestige de guerre reste un vestige de guerre quelque soit sa taille). Je ne vais pas non plus développer en détails cette partie historique dans la mesure où cet article est surtout là pour faire un « relevé » de ces lieux que je n’avais pas encore abordé sur mon site.
J’ai donc plutôt directement souhaité me pencher sur les plus grosses constructions qui sont au nombre de trois et que vous pouvez voir replacées dans leur environnement sur la vue ci-dessous :
Comme on peut le voir sur l’illustration ci-dessus, chacun a un surnom et un numéro (rien d’officiel, c’est moi qui les ait appelés comme ça), ils correspondent à ceux utilisés dans cet article, ça peut toujours aider pour s’y retrouver.
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1 – Le bunker nord :
Situé au ras d’une falaise, il domine le décor. On y accède en descendant un escalier. Le bâtiment principal est composé d’une grande pièce avec deux issues à l’est et à l’ouest, et possède une petite pièce à droite quand on rentre par l’est. Après le premier escalier, un second, plus petit mène à ce qui fut sans doute un poste d’observation avec une ouverture vers l’est accolé à la structure.
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2 – Le bunker central :
C’est le plus massif et le plus vaste. On y accède par deux issues distinctes formées par des escaliers. Il est composé de deux couloirs étroits (un au nord et un au sud), trois grandes pièces et deux postes d’observation (à l’est et au sud). Dans la pièce à l’est, une mince ouverture horizontale donnant vers l’est est présente. Ce bunker est presque intégralement enterré. Ne vous fiez pas à la bonne luminosité intérieure sur mes photos car j’ai employé un flash, en temps normal il est baigné par l’obscurité.
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3 – Le bâtiment sud :
Je n’ai pas employé le terme de « bunker » pour nommer cette construction car elle me paraît différente des autres et plus en retrait. Peut-être avait-elle un rôle autre que ses deux cousins ? On y accède par deux escaliers (au nord et au sud). Une petite pièce est présente juste après avoir franchi l’entrée sud. Il est ensuite composé d’une vaste pièce principale équipée de deux ouvertures sur sa façade ouest. Cette pièce possède un âtre dans son angle sud ouest (non visible sur ma modélisation mais visible sur mes photos) mais je ne suis pas en mesure de dire si il est d’origine.
Pourquoi des bunkers à cet endroit ?
Ces fortifications remontent à la seconde guerre mondiale. Entre 1942 et 1944, l’armée allemande avait pris possession du terrain d’aviation des Milles et ces bunkers, liés à la Lufwaffe, auraient eu un rôle de commandement / observation. Un lieu en hauteur, visiblement pas choisi au hasard on l’imagine, en raison du fait qu’il domine la plaine, permettant d’avoir un point de vue sur une très longue distance.
Autour des bunkers :
Autour de ces bunkers, la nature domine, mais en cherchant bien on trouve quelques tobrouks (de petits bunkers individuels) éparpillés ça et là et émergeant du sol. Je ne connais pas leur nombre exact (j’en ai repéré 5 ou 6). En voici quelques photographies :
L’avenir des lieux ?
La seconde guerre mondiale s’est achevée il y a 75 ans au moment où j’écris ces lignes. Ces constructions sont toujours là mais accusent le poids des années au vu de leur état qui n’est pas au beau fixe, en particulier les nombreuses fissures qui les parcourent.
Qu’en sera t-il de leur avenir ? Ces lieux sont un vestige du passé de la zone entourant Les Milles et semblent pourtant être laissés à l’abandon, au beau milieu d’une nature qui peu à peu, qu’on le veuille ou non, aura raison d’eux.
Je ne suis pas là pour dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire mais un tel lieu ne laisse pas indifférent et sa sauvegarde serait une bonne chose pour le patrimoine historique local.
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