Nombreux ont été les historiens à mettre par écrit la mémoire d’Aix, des faits qui s’y sont produits ainsi que l’histoire de différents lieux. Parmi eux, ont peut citer Jean Scholastique Pitton (1621-1689), Pierre-Joseph de Haitze (1656-1737), ou encore François Ambroise Thomas Roux-Alphéran (1776-1858).
Et c’est sur ce dernier que je vais m’attarder.
Je le cite souvent dans mes articles, j’ai donc décidé de rédiger celui-ci afin de vous le présenter au cas où vous ignoriez qui était cet homme à qui nous devons plusieurs ouvrages sur l’histoire d’Aix.
Biographie de Roux-Alphéran :
Issu d’une très ancienne famille aixoise, Roux Alphéran est né le 29 décembre 1776 à Aix et fut baptisé le lendemain en l’église de la Madeleine. Et bien qu’étant l’auteur de plusieurs ouvrages, l’écriture n’était pas sa vocation première…
Il entama des études de droit dans le but de devenir avocat, mais parait-il qu’en raison d’une forte timidité il abandonna et se dirigea plutôt dans l’administration. C’est ainsi que de 1807 à 1815, il fut secrétaire en chef de la Mairie d’Aix, puis devint greffier jusqu’en 1830. En parallèle de son poste de greffier, il est également membre de l’Académie des sciences, agriculture, arts et belles-lettres d’Aix et occupe aussi le poste de conseiller municipal.
Mais en 1830, il démissionne de tout ses postes afin de se consacrer d’avantage à sa passion : l’Histoire, et plus précisément celle d’Aix en Provence. Entre 1846 et 1848, il publiera un livre considéré comme une référence sur l’histoire de la ville : « Les rues d’Aix ».
Dix ans plus tard, il décédera à la date du 8 février 1858.
Si vous souhaitez en savoir plus sur sa vie consultez le document mentionné dans les sources en fin d’article.
Roux-Alpheran – ses écrits :
J’ignore le nombre exact de ses écrits, je parlerai donc des deux principaux, en tout les cas des plus connus encore aujourd’hui.
– Tout d’abord le premier, ci ce n’est le plus important de sa « carrière »:
« Les rues d’Aix » publié entre 1846 et 1848. Initialement composé de deux tomes constitués de plusieurs centaines de pages chacun et de quelques illustrations (gravures, plans), il fut republié à plusieurs reprises parfois en un seul exemplaire réunissant les deux tomes en un.
L’auteur y recense chronologiquement l’histoire de TOUTES les rues de la ville à l’époque, décrivant les constructions, les familles qui y habitaient ainsi que les traditions qui étaient liés aux lieux. Il faut d’ailleurs noter que les rues sont nommées par leur anciennes appellations ce qui au premier abord, est assez contraignant pour se repérer.
Pour un tel recensement qui est une tache considérable, il a probablement du se procurer une quantité incroyable de manuscrits anciens. Il a d’ailleurs légué beaucoup de ses manuscrits à la bibliothèques Méjanes.
Petit bémol, ce livre n’est plus édité de nos jours et pour s’en procurer un, il faut se diriger vers les bouquinistes en espérant qu’ils en aient un à vendre. Pour information, j’en possède un exemplaire réédité en 1985 que j’ai payé 30€ en 2010. Il est probable que les prix aient augmentés depuis. Pour ce qui est des éditions originales, les sommes grimpent en flèche (300-400€).
– Abordons à présent le second ouvrage d’Ambroise Roux-Alphéran :
« Aix sous la Terreur » publié il y a peu d’années, en 2013. Tout comme son aîné il est lui aussi publié en deux tomes. Il retrace les événements de la Terreur Blanche dans la région d’Aix à la fin du XVIIIe siècle. Car bien qu’il ait été publié bien après « Les rues d’Aix », il a été écrit avant : de 1795 à 1797.
Ce manuscrit provenant tout droit des archives de la bibliothèque Méjanes est rédigé à la manière d’un journal : on y découvre jour après jour tout les événements qui se sont déroulés durant cette période, relatés d’un point de vue royaliste par le jeune Roux-Alphéran tout juste âgé d’une vingtaine d’années à l’époque. On y trouve aussi plusieurs explications historiques pour mieux comprendre le contexte dans lequel se sont déroulés les faits.
Cet ouvrage est toujours publié (du moins à la date de rédaction de cet article) en deux tomes pour le prix de 22€ chacun.
Roux-Alphéran aujourd’hui à Aix :
A son décès en 1858, Ambroise Roux-Alphéran ne reçut aucune distinction pour son oeuvre. Malgré tout, après sa mort, on donna son nom à une rue qui portait autre fois le nom de « rue Longue Saint-Jean », rue dans laquelle il habita une partie de sa vie au n°9.
Dans cette rue à deux pas du croisement avec la rue d’Italie se trouve son ancienne demeure :
Il repose aujourd’hui au cimetière Saint-Pierre d’Aix, sa tombe est visible dans l’allée n°11.
Avec ses écrits, il a grandement contribué à perpétuer les souvenirs de la ville au fil du temps.
Et si le site que vous êtes en train de consulter existe, c’est aussi un peu grâce à lui, premièrement en raison du fait que je m’inspire de son oeuvre pour rédiger mes articles (sans copier pour autant les siens), mais aussi car il était un témoin de son temps et n’hésitait pas à faire des comparaisons entre « l’ancien temps » et son présent.
A ma manière, et dans une sorte d’hommage inconscient, j’agis de la sorte, en remettant en lumière des lieux disparus (que lui n’a pas connu pour les plus récents). Lui utilisait sa plume, moi mon clavier, chacun son époque.
Sans pour autant constamment regretter le passé, il ne faut pas l’oublier mais il faut aussi et surtout le transmettre au plus grand nombre. Il est bien triste que « Les rues d’Aix » ne soit plus édité car d’après ce que j’ai appris par des bouquinistes, la demande est grande. On voit aussi ce regain d’intérêt depuis quelques années avec la publication d’ouvrages locaux ou régionaux sur les histoires « insolites » de diverses villes. Heureusement que certains ont encore ce désir de partager ces histoires (ou légendes) par le biais de livres ou de sites web, car elles font partie de ces lieux et elles ont participé à forger ce que cette ville est aujourd’hui. Hormis cette rue, son souvenir est peu présent dans Aix.
Pourtant lorsque l’histoire d’une rue est mentionnée n’importe où (livre, site web) on retrouve souvent (voir toujours) dans les sources une certain « Roux-Alphéran ».
Voila pourquoi j’ai voulu faire cet article, pour vous dire qui était Roux-Alphéran et vous conter son oeuvre. Il a rédigé la mémoire de la ville pour que son histoire ne tombe pas dans l’oubli, ne l’oublions pas lui non plus.
– Sources :
Notice historique sur la vie et les travaux de M. Roux-Alphéran, par M. Mouan, secrétaire perpétuel de l’Académie d’Aix (1859) – Gallica BNF
Portrait en couleur : Wikimédia
Portrait en noir et blanc : youscribe.com (portrait visible sur la seconde page du document)
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L'ouvrage de Roux-Alphéran "Les Rues d'Aix" est consultable en ligne :
http://clap.jac.free.fr/livre/page%20texte.html (actif le 08/04/2017)